Publié en 1984, cet ouvrage n'est plus disponible. Il expose le double objectif des Confédérés dans l'extrême ouest des États-Unis : la saisie des ressources aurifères du Colorado et de la Californie et l'ouverture, sur le Pacifique, d'un port confédéré trop éloigné de la côte atlantique pour que la marine fédérale puisse le bloquer rapidement et efficacement.
Le Rêve fracassé relate évidemment les péripéties et les désordres qui caractérisent la campagne du général Henry H. Sibley au Nouveau-Mexique et en Arizona au cours de l'année 1862. Après une visite des lieux par l'auteur et la publication de nouvelles sources concernant ces opérations, une réédition plus approfondie de ce livre a été envisagée. Ce projet reste néanmoins en attente car il exige un très long travail de réécriture.
Pour ne pas s'exclure du Rêve Américain en raison de ses échecs militaires, politiques et sociétaux, le Sud vaincu recourut à l'affabulation pour ennoblir sa défaite et faire accroire à l'union de son peuple dans sa lutte pour son indépendance. L'auteur dénonce cette vision romantique du conflit et souligne les nécroses de l'oligarchie cotonnière. Quant au Nord, il ne guerroya pas pour abolir l'esclavage. La Proclamation d'Émancipation de Lincoln ne fut qu'une communication de politique étrangère visant à travestir la cause nordiste en une croisade humanitaire afin de bloquer les velléités interventionnistes de la France et du Royaume-Uni.
Pour la première fois, en français, un auteur analyse la propagande confédérée en France et les rapports entre le Texas et un Mexique déchiré par Juarez et Maximilien.
Cet ouvrage est désormais la référence indispensable à toute étude en français sur la guerre de Sécession dans la mesure où l'auteur produit des centaines de sources jamais consultées par les ouvrages francophones et procède à une "autopsie" tout à fait nouvelle du conflit le plus meurtrier de l'histoire américaine.
La vision schématisée des guerres indiennes du Texas et du Nouveau-Mexique les réduit souvent aux conflits entre les pionniers, les Apaches et les Comanches. Si les récits de ceux qui vécurent les événements sont essentiels pour les situer dans l'espace et le temps, leur exégèse démontre leur déficience en objectivité.
Cependant le mythe du bon sauvage ne peut se substituer au manichéisme de ces auteurs car les Indiens du Texas furent eux aussi des envahisseurs qui, peu avant l'arrivée des Blancs, annihilèrent ou dépossédèrent de leurs terres les tribus autochtones du Texas avant de razzier le Mexique.
Le devenir des Indiens du Texas procédait trop de leur addiction culturelle à la prédation pour s'installer dans la continuité. Ces hommes du néolithique affrontèrent donc une létale alternative : disparaître ou évoluer.
Pour ne pas changer, leurs trois dernières générations résistèrent avec un courage et une endurance hors du commun, Ils étaient comme le vent dans la plaine, mais ils furent emportés par celui qui souffla sur les Monts Chiricahuas et les Grandes Plaines du Sud.
Notons que de 1855 à 1860, Edmond Noirsain, l'un des ancêtres de l'auteur, sert dans le 8th U.S. Infantry dont les dix compagnies sont réparties dans plusieurs postes militaires au Texas et au Nouveau-Mexique jusqu'au début de la guerre civile.
En tant que hospital steward (infirmier en chef) affecté à l'état-major de son régiment, il participe à quelques actions contre des bandes de Navahos et d'Apaches Chiricahuas au Texas et au Nouveau-Mexique.
Après ses cinq années passées dans l'armée régulière, il est régulièrement rendu à la vie civile mais pas pour longtemps. En 1861, il se rengage dans l'armée américaine avec le statut d'hospital steward volontaire dans le 2e régiment des Pennsylvania Reserves (ou 31st Pennsylvania Infantry) lorsque les États confédérés ouvrent les hostilités en bombardant Fort Sumter. En effet, en dépit de sa présence dans la baie de Charleston, le fort et l'îlot sur lequel il se trouve appartiennent au ministère américain de la Guerre depuis novembre 1841.
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Après avoir exposé au président Jefferson Davis les raisons pour lesquelles les États confédérés se trouvent dans l’impossibilité matérielle de bâtir des navires de guerre pouvant rivaliser avec ceux du Nord, le ministre Stephen Mallory obtient des fonds pour acheter en Europe ce qu’il définit comme des steamers du type le plus moderne, dotés d’un armement puissant et entièrement équipés pour le service en mer.
Sachant qu’à cette époque, la France et la Grande-Bretagne rivalisent dans le domaine maritime, Mallory charge quelques-uns de ses officiers d’y acheter ou d’y faire construire des croiseurs issus des plus récentes technologies navales. Le capitaine James D. Bulloch se révéla le plus efficace des officiers confédérés envoyés en Europe, mais aussi le plus connu parce qu’il réussit à lancer le célèbre Alabama.
L’auteur avait déjà évoqué brièvement la carrière de cette corvette dans son ouvrage La Flotte européenne de la Confédération, primé en 2001 par l’Académie de Marine française. Par la suite et grâce à l'intervention de feu Mme Ulane Bonnel, l’ancienne présidente de la Commission française d'Histoire maritime et de l'Association C.S.S. Alabama, Serge Noirsain a été autorisé à rencontrer les plongeurs français et américains au cours de leurs fouilles sur l'épave de l’Alabama.
Le 23 septembre 2004, en présence des personnalités administratives et politiques de la ville, des représentants américains du Civil War Preservation Trust ont décerné à Cherbourg le titre de site officiel de la guerre civile américaine, le seul site de ce conflit, répertorié en Europe.
L’intérêt de l’auteur pour cette période de l’histoire des États-Unis trouve son origine dans les aventures de deux de ses ancêtres qui furent les contemporains des événements relatés dans cet ouvrage : le premier dans l’armée fédérale américaine pendant la guerre dite de sécession, le second dans le corps expéditionnaire belge au Mexique, de 1864 à 1867.
Format in quarto broché, papier couché, 115 pages incluant 30 pages d'illustrations, de cartes et de plans en sépia ou en couleur. Le texte recourt notamment à la presse française mais surtout à du courrier privé et aux réminiscences publiées par des officiers de la marine confédérée à propos de Raphaël Semmes, de son bâtiment et surtout de ce qui l'incita à provoquer son combat avec le Kearsarge à Cherbourg.
Dans le sillage du C.S.S. Alabama
Grâce à l'intervention de feu Mme Ulane Bonnel, présidente de la Commission française d'Histoire maritime et de l'Association C.S.S. Alabama, Serge Noirsain et son "complice" Gérard Hawkins ont été exceptionnellement autorisés à accompagner les plongeurs français et américains sur le site de leurs fouilles sur l'épave de l'Alabama, détruit par le Kearsarge le 19 juin 1864 au large de Cherbourg.
La commission délivrée au capitaine Raphaël Semmes démontre que ce croiseur n'était pas un corsaire, mais un bâtiment de la marine de guerre confédérée, dont les officiers avaient été dûment mandatés par leur gouvernement. Par opposition, un corsaire est un navire armé en guerre par un particulier qui a obtenu, du chef de son État, une lettre de marque ou lettre de course l'autorisant à attaquer des cargos et des croiseurs ennemis. Qualifier l'Alabama de corsaire constitue donc une erreur historique majeure. En effet, la Déclaration de Paris de 1856, signée par la France, le Royaume-Uni et plus de quarante autres nations à l'exception des États-Unis, interdit l'accès des ports d'une nation neutre aux corsaires d'un belligérant mais pas aux croiseurs de sa flotte régulière. Si l'Alabama avait été un corsaire, la France ne l'aurait pas autorisé à crocher ses ancres dans la rade de Cherbourg.
Sur la Piste de Santa Fé
C'est à Yuma, en mars 2001, que Gérard Hawkins et moi-même entamons notre périple au cœur de l'Apacheland. Yuma, c'est un nom qui claque comme un coup de fouet dans la saga des hors-la-loi de l'Ouest. Cette ancienne prison fédérale, le fort lui-même et la vieille ville respirent le parfait entretien.
Le 18 mars, nous découvrons Picacho Pass. La seule particularité de cet immense passe qui s'étale entre deux pics, est d'avoir été le théâtre de l'engagement le plus occidental de la guerre civile américaine. Nous en reparlons plus loin. Pour marcher sur les Chiricahuas Mountains, l'ancien domaine des Chiricahuas de Cochise, nous nous aventurons sur la route du conquistador espagnol Coronado, qui nous hisse vers des hauteurs d'où nous dominons les vallées de San Raphaël et de San Pedro. C'est une autre affaire de se coltiner la descente avec ses lacets abrupts.
Gérard Hawkins et moi-même ne nous attardons pas dans la mythique Tombstone car, à l'exception de quelques librairies riches en ouvrages sur la guerre civile et les guerres indiennes locales, le patelin ne se révèle qu'un Disneyland pour les adultes qui se déguisent en cow-boys. Le 22 mars couvre l'un des sites majeurs de notre voyage : celui d'Apache Pass et de Fort Bowie. Cet immense parc national a scrupuleusement préservé son authenticité car nous y trouvons les fondations en pierres de l'ancien relais de la Butterfield Overland Company et les lieux de la célèbre Affaire Bascom qui relança Cochise sur le sentier de la guerre.
C'est en progressant précautionneusement vers les ruines de Fort Bowie (des panneaux indiquent attention reptiles venimeux), que nous échouons au cœur de la mémorable Apache Pass où les Chiricahuas de Cochise et les Mimbres ou Mogollon Apaches de son beau-père Mangas Coloradas (et non pas Colorado) ont assailli l'avant-garde du colonel James H. Carleton. Rappelons que celle-ci cheminait depuis la Californie pour reprendre Mesilla aux Confédérés. À propos de cette prétendue bataille, Shakespeare aurait pu dire "beaucoup de bruit pour rien" car un seul soldat fédéral y perdit la vie et les Apaches, tapis dans la végétation, furent apparemment plus impressionnés par les détonations et les impacts du howitzer de campagne américain que par ses effets létaux. Du Fort Bowie de 1862, il ne subsiste que quelques pierres. Celui de 1868 n'a guère mieux résisté au temps, mais ses vestiges permettent de nous figurer les emplacements de ses anciens bâtiments.
Le lendemain, encore sous l'emprise de l'aura apache, nous grimpons jusqu'au sommet du Chiricahua National Monument. Il faut s'y rendre pour visualiser le capharnaüm de formations volcaniques, de sentiers et de forêts qui s'entremêlent pour comprendre pourquoi les forces américaines ne réussirent jamais à y débusquer Cochise et les derniers chefs apaches qui résistèrent à l'armée.
Opérons un bref retour dans le passé pour mieux comprendre le cheminement de notre voyage. Au début du mois de juillet 1861, le lieutenant-colonel John R. Baylor et un bataillon du 2d Texas Mounted Rifles quittent San Antonio pour réduire les postes américains situés sur et près du Rio Grande. Le 27 juillet 1861, Baylor capture sans combat la garnison de Fort Fillmore et s'établit à Mesilla, dans le sud-est du Nouveau-Mexique. Entre-temps, le président Davis a chargé le général Henry H. Sibley de conquérir le Nouveau-Mexique et la Californie car, dans le programme de leur plate-forme électorale de 1860, les acteurs politiques sudistes ont publiquement annoncé leur volonté de rouvrir le trafic de Bois d'Ebène et revendiqué leur "droit" d'imposer l'esclavage jusqu'au Pacifique. Ces propos ne supportent pas la moindre contestation car ils figurent dans les extraits de presse et les documents accessibles dans les archives nationales américaines.
Le 14 décembre 1861, les troupes de Sibley (3d, 4th et 7th Texas Cavalry) font leur jonction avec le bataillon du 2nd Texas Mounted Rangers de Baylor à Mesilla. Début janvier 1862, Sibley, 2 600 cavaliers et une batterie d'artillerie légère quittent San Antonio pour s'emparer des autres postes unionistes échelonnés sur le Rio Grande supérieur. Le 21 février, à Valverde, sur les rives de ce fleuve, les Texans infligent une sérieuse défaite à la garnison fédérale du colonel E.R.S. Canby qui s'embastille derrière les solides remparts de Fort Craig. Comme il n'a ni le temps ni les moyens d'assiéger la place, Sibley poursuit sa progression vers le Nord, mais laisse tout de même 500 hommes à Mesilla pour protéger ses arrières et ses communications avec ses propres troupes et le Texas. Dans le nord-est du Nouveau-Mexique, les troupes fédérales ne cherchent pas à bloquer la progression ennemie et se regroupent à Fort Union. Durant ces événements, un régiment de volontaires arrive à marches forcées du Colorado pour renforcer Fort Union et reprendre l'offensive. Celle-ci se caractérise par l'annihilation du train des Texans à l'entrée d'Apache Canyon le 28 mars 1862 (voir photos des lieux sur les pages suivantes).
Sur ces entrefaites, le colonel Canby et sa garnison n'ont toujours pas émergé de Fort Craig. Il en va autrement lorsqu'il apprend deux bonnes nouvelles : la première est l'imminente arrivée des mille hommes de la California Column du colonel James H. Carleton. Sa seconde bonne nouvelle est sa promotion au commandement de toutes les forces fédérales du Nouveau-Mexique. Pendant ce temps, par manque de vivres, de chevaux et de munitions, Sibley a entamé un lent et pénible repli vers Mesilla. Sur ces entrefaites, les rangers confédérés du capitaine Sherod Hunter ont investi Tucson, dans le sud-ouest du Nouveau-Mexique. Une de leurs escouades se tient en permanence à Picacho Pass (entre Tucson et la frontière californienne) pour signaler l'arrivée d'un éventuel ennemi venant de Californie. C'était entre les deux montagnes formant la passe dite de Picacho que serpente la Butterfield Overland Mail Route, la seule piste carrossable qui, à cette époque, relie le Texas au Pacifique. Après une brève escarmouche en cet endroit, le 15 avril 1862, le capitaine Hunter et ses hommes abandonnent Tucson. Au cours de leur retour à Mesilla, ils perdent quelques hommes lors d'une embuscade dressée par Cochise. Dès leur arrivée à Mesilla, ils évacuent le Nouveau-Mexique avec le dernier contingent de la brigade Sibley. Sur ce site, l'article Cochise et les Confédérés, développe tous ces événements.
Nous ne pensions rien découvrir à Mesilla, la bourgade où, le 30 décembre 1853, une commission composée de représentants américains et mexicains signa le Gadsden Purchase qui fit basculer 78 000 km² de terres mexicaines dans le giron des États-Unis. Dès la ratification de cet achat, Mesilla devient le passage obligé des convois qui empruntent la Butterfield Overland Road pour se rendre en Californie depuis le Texas. Les pouvoirs locaux ont restauré tous les anciens immeubles de cette localité. Dans l'une de ses constructions en adobe, un jury condamna Billy the Kid par contumace.
Le 25 mars nous mène à Fort Craig et sur le site de Valverde, aux pieds de la Mesa del Contadera. C'est là que Sibley inflige une cuisante défaite à la garnison du fort. Nous n'accédons pas au champ de bataille car la clôture d'une voie ferrée bloque le passage entre la route et le fleuve. Nos investigations nous mènent néanmoins à un monument érigé à l'endroit où les Texans rassemblèrent leurs morts après la bataille.
Comme Sibley, 139 ans plus tard, mois pour mois, nous montons sur Santa Fé. Quand nous y entrons dans cette ville, nous ne savons pas où se situe son quartier historique. La photo du Palacio del Gobernador, prise en 1862, resurgit dans ma mémoire dès que j'aperçois les lieux qui ont été remarquablement restaurés par les autorités de la ville.
Le 27 mars est voué à la bataille de Glorieta Pass (27-28 mars 1862) qui se déroule entre Santa Fé et Fort Union. Nous arpentons les lieux tels qu'ils étaient il y a 139 ans. Malgré un ciel immaculé, le vent nous lacère. Tous les vétérans de cette bataille relatent que le froid et le vent leur infligèrent de terribles engelures. Glorieta Pass n'est pas un couloir étroit entre des collines, c'est une petite vallée d'au moins un kilomètre de large sur une quinzaine de kilomètres de long. La forêt, principalement de conifères, y est dense, tant dans le creux de la vallée que sur ses flancs.
Lors de notre entrée dans Apache Canyon, nous localisons aisément l'emplacement de l'ancien ranch Johnson où se concentra une partie des Texans avant d'attaquer la garnison de Fort Union dans la passe proprement dite de Glorieta et sur ses flancs extrêmement boisés. Sur notre droite, se profilent les collines intensément boisées en lisière d'une vaste prairie sur laquelle les Confédérés ont concentré le gros de leur train sous la garde d'une poignée d'hommes.
C'est de ces hauteurs que le major Chivington déboule par surprise sur les chariots texans tandis que se déchaîne la bataille près de Pigeon's Ranch. Sans un coup de chance, nous n'aurions jamais retrouvé l'emplacement de ce ranch. Depuis un bon moment, nous roulions sur la route au creux de la passe sans parvenir à faire le point de notre position par rapport au cœur de la bataille. Lors de notre visite sur le site de Fort Bowie, nous avions acheté quelques ouvrages richement illustrés. En ouvrant l'un d'eux, consacré aux opérations de Sibley et à la bataille de Glorieta Pass, c'est la stupéfaction ! Sous mes yeux s'étale une photo prise en 1880, qui reproduit les lieux quasiment inchangés sur lesquels nous roulions à l'aveuglette (voir les photos ci-après).
Fort Union se dresse sur une plaine, à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Glorieta Pass. Nous ne le manquons pas parce que les Fédéraux partirent de ce poste pour attaquer les Texans à Pigeon's Ranch. Les ruines de ce fort, nous les traversons au pas de course, d'abord parce que l'heure de la fermeture est proche, surtout parce que nous sommes frigorifiés. En matière de froid, les Rocky Mountains nous guettent avec de la neige. Raton Pass est la porte étroite qui sépare le Nouveau-Mexique du Colorado, nous la franchissons pour gagner Denver où nous devons prendre un avion à destination d'Atlanta puis de Charleston. En cette période de l'année, la température est identique à celle de 1862 et nous songeons aux fantassins du Colorado, qui arpentèrent cette même route pour renforcer la garnison de Fort Union.
Les mystères du sous-marin Hunley
Grâce aux recommandations de Mme Ulane Bonnel, présidente de la Commission française d'Histoire maritime, Gérard Hawkins et moi-même avons eu le privilège de contempler de près l'épave du C.S.S. Hunley extrait le 8 août 2000 des fonds de la baie de Charleston en Caroline du Sud. Durant la nuit du 18 février 1864, ce célèbre sous-marin confédéré ne refait pas surface après avoir coulé l'U.S.S. Housatonic. Le Hunley est le premier submersible à accomplir un pareil exploit en plongée.
Lors de notre visite, l'épave reposait dans un immense atelier du Warren Lasch Conservation Center de Charleston, dont l'accès était réservé aux techniciens chargés de son nettoyage. Dans une salle annexe, deux grands écrans permettaient au public de suivre l'évolution des fouilles. C'est alors que nous croisons le Dr Warren Lasch en personne et Paul Mardikian, l'expert français que nous avions rencontré à Cherbourg lorsqu'il travaillait sur la conservation des pièces extraites de l'Alabama. Ce concours de circonstances, la publication de mon livre La Flotte européenne de la Confédération sudiste et surtout l'intervention de Mme Ulane Bonnel déclenchent le miracle. À la demande de Paul Mardikian, le Dr Lasch consent à enfreindre le règlement qu'il a édicté et nous laisse accéder à son "Saint des Saints".
Gérard Hawkins et moi-même sommes donc autorisés à nous approcher à quelques pas du Hunley, tel qu'il a été sauvé des eaux. Le submersible ressemble trait pour trait à celui que peignit l'artiste confédéré Conrad Chapman. Paul Mardikian nous fait cependant remarquer que, par rapport à l'homme que Chapman campe aux côtés du Hunley, le sous-marin est nettement plus grand. La seule différence majeure réside dans l'espar qui maintenait la torpille. Il est fixé sur le bas de l'étrave et non pas sur le haut de celle-ci comme l'a peint Chapman.
Notre guide nous mène sur une plate-forme très proche du sous-marin pour que nous puissions en contempler l'infrastructure intérieure. Pour s'infiltrer dans la coque sans l'endommager, des techniciens rompus aux plus récentes techniques de préservation des métaux ont délicatement fait sauter les rivets de trois plaques métalliques du submersible. Des jets d'eau l'aspergent en permanence pour le maintenir dans un état d'humidité constant. Cette humidité est rigoureusement contrôlée afin d'éviter la corrosion au contact de l'oxygène. Les restes humains que l'équipe du Dr Lasch a extraits de la carcasse du sous-marin reposent désormais dans le cimetière de la Nouvelle-Orléans. Ceux du lieutenant George Dixon ont été aisément identifiés grâce à une pièce de monnaie en or qu'il conservait sur lui comme un porte-bonheur. Elle lui sauva la vie en neutralisant l'impact de la balle qui le toucha pendant la bataille de Shiloh (avril 1862).
Pour contempler de près un vestige historique aussi prestigieux, nous devons signer un registre dans lequel nous nous engageons à ne pas révéler ce que nous pourrions apprendre sur les lieux. Il ne s'agit pas de préserver un secret d'État, mais d'éviter des déclarations intempestives dans les médias avant que l'équipe du Dr Lasch finisse de peaufiner les analyses et examens en cours. Nous avons en effet appris qu'une nouvelle thèse, au demeurant stupéfiante, se dessine au sujet de la perte du Hunley. Le temps a passé depuis notre visite et les experts ont entre-temps finalisé leurs conclusions. D'après le Dr Lasch et Paul Mardikian, le Hunley, toujours en immersion, regagnait sans encombre Charleston après avoir coulé le Housatonic lorsqu'un volumineux tronc d'arbre flottant aurait violemment heurté sa tourelle et provoqué une voie d'eau létale. Cette découverte invalide donc définitivement la théorie selon laquelle le sous-marin coula avec sa victime parce qu'il n'avait pas réussi à s'en détacher avant l'explosion de la mine qu'il avait logée contre son flanc.
Coup de film à Cherbourg
Le 16 juin 2001, Serge Noirsain et Gérard Hawkins se rendent à Cherbourg pour y répondre à l'invitation de Norman Cohen et de Mike De Witt, producteurs de Kralyevitch Inc. à New York. Depuis longtemps, Norman Cohen caressait le projet de réaliser un film documentaire sur l'aspect européen de la guerre civile américaine. Le retentissement, aux États-Unis, des campagnes de fouilles sur l'épave du C.S.S. Alabama, lui fournit la colonne vertébrale du sujet qu'il veut développer pour la chaîne History Channel.
Comme Serge Noirsain est le seul historien francophone à avoir traité en profondeur les péripéties de la construction de navires de guerre confédérés en Europe, Norman Cohen l'invite à Cherbourg pour une interview qui est incluse dans son film. Cette interview eut lieu sur le chemin de ronde du fort du Roule d'où l'on embrasse l'entièreté de la rade. La cassette contenant l'émission a été distribuée dans les mois qui suivirent son passage sur la chaîne History Channel.
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